Etes-vous prêt pour le corset facial ?

Nous le savons tous et nous aimons à l’oublier parfois. Le corps témoigne d’une histoire, d’un parcours, d’une réalité sociale. La nôtre.

Notre apparence et notre visage sont les premières choses que les autres voient de nous. Et nous nous jaugeons les uns les autres sur notre apparence physique. C’est instinctif.

Formaté par le poids des habitudes, des préférences et de l’histoire de notre propre corps, nous avons tendance à savoir instinctivement qui nous plaît, qui nous déplaît. Nous avons un instinct primal sur ce qui est beau et ce qui est laid parmi nos semblables. C’est presque inconscient, quelque part entre l’inné et l’acquis.

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Quand on est chauve ou rasé, notre visage éclate aux yeux des autres encore plus distinctement que lorsqu’il est caché ou masqué par une tignasse. Sans artifice capillaire. Peut-être me trompe-je mais c’est une réflexion que je me suis souvent faite dans mon propre parcours initiatique de la calvitie. Je suis certain que vous ressentez ça vous aussi.

Quand nous rencontrons de nouvelles personnes, l’absence de cheveux est une des toutes premières choses qu’elles voient de nous. Elle fait partie de l’image et de l’empreinte que nous imprimons dans leur mémoire.

Il y a quelques temps, j’ai découvert le travail de Paddy Hartley. C’est un chauve. Son œuvre rejoint ce que je viens de dire.

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Son travail montre à quel point il est obsédé par la façon dont le corps humain est modifié par choix ou par circonstance. Il aborde des sujets comme l’utilisation de stéroïdes dans le culturisme, le dialogue entre les groupes religieux, la recherche biomédicale, l’éthique du clonage humain ou les blessures de guerre.

A travers ses corsets faciaux, il nous questionne sur ​​la manière dont le visage peut se donner à voir et être délibérément transformé au point de choquer l’autre et ses préjugés. J’ai jugé pertinent de lui donner une place ici en vous montrant quelques unes de ses créations.

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Le corset facial est une sorte de métaphore. C’est un détournement des corsets volontairement utilisés ou socialement imposés, aux femmes surtout, pour se donner à voir aux yeux des autres. Tout en sachant les cicatrices que cet artifice social peut laisser sur le corps. Tout en sachant la souffrance et le martyr qu’il laisse dans la mémoire du corps. Une souffrance intime à la fois cachée et visible aux yeux des autres.

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Peut-être que sa propre calvitie l’a influencée et amenée à créer ces corsets faciaux.

Sur certains clichés, comme ces lèvres violacées, le visage souffre de porter un corset. Comment ne pas être choqué ? C’est grotesque et inutile. Je ne sais pas pour vous, mais moi, jamais je ne porterai jamais un corset facial comme ça. Je trouve ça très laid.

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On voit bien au travers des images à quel point le visage qu’il nous montre peut être choquant. On peut le juger horrible, capable d’effrayer n’importe qui.

Et pourtant, il donne aussi à voir des corsets à usage clinique et médical. Des implants faciaux qui ont toute leur place dans l’espace social en cas de déformation ou de mutilation du visage liées à des blessures ou des accidents.

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Vous pouvez voir tout ça sur son site.

C’est un peu tiré par les cheveux, mais ça me fait penser :

  • à ces moments où les autres s’aperçoivent que je n’ai pas de corset capillaire et jette un coup d’œil appuyé sur mon crâne.
  • à ceux qui font une réflexion sur mon absence de corset capillaire et ça me fait toujours sourire.
  • à ceux qui portent perruques ou extensions, s’infligeant un corset capillaire par choix ou par circonstance.
  • et au rôle social des cheveux tel que perçu ou supposé par de nombreux chevelus, alors qu’ils portent un corset capillaire tous les jours.

Libre à vous d’en tirer vos propres conclusions.